Avant de rentrer dans le vif du sujet, je me dois de mettre un peu de contexte sur l’importance de ce débat.
Importance du débat
Il est actuellement impossible de considérer notre monde sans le comprendre en profondeur, surtout quand on souhaite l’améliorer. Mais pourquoi est-ce si important de le comprendre et de l’améliorer ?
Notre monde n’est pas parfait et est perfectible, nous pouvons donc l’améliorer. Et comme nous pouvons le faire, pourquoi ne pas le faire ?
Ensuite, il est nécessaire de le comprendre pour éviter de faire des erreurs : si on interdit les bénéfices, comment peut-on garder une innovation ? Ces erreurs grossières risquent surtout de mener à la création théorique de modèle économique et sociétal qui serait pire que notre modèle actuel.
Ce débat servira en premier lieu à expliquer en détails ce qu’est que le capitalisme, le (hyper)consumérisme et tous les liens que ce paradigme économique entretient avec nos sociétés. Après avoir expliqué ce qu’est que ce modèle, on rentrera plus dans les détails des conséquences concrètes et théoriques du capitalisme sur nos vies. Et enfin, on pourra le remettre en cause d’une manière intelligente pour essayer d’esquisser une solution à ses problèmes.
Disclaimer
Bien entendu, je ne suis pas neutre.
Pour la faire simple, je suis profondément anticapitaliste et le modèle que je promeus pour le remplacer est un modèle économique se rapprochant de celui du communisme de G. A. Cohen.
Définitions
Avant de plonger dans le vif du sujet, il est important de définir quelques termes :
- Paradigme : une représentation du monde
- Modèle : (ici) synonyme de paradigme
- Capitalisme : paradigme économique reposant sur la recherche du profit
- Communisme : ici Marxisme ; paradigme sociétal reposant sur la collectivisation des moyens de production (c’est-à-dire que les usines, entreprises, starts-up appartiennent démocratiquement aux employés)
- Consumérisme (sens sociologique) : mode de vie fondé sur la consommation
- Hyperconsumérisme (ma def à moi) : mode de vie fondé sur la surconsommation
- Marxisme analytique : fusion entre le marxisme, la philosophie analytique et les sciences sociales (explication)
Problèmes
Le capitalisme voit de plus en plus de détracteurs dans le monde politique, philosophique et économique. Mais pourquoi s’attire-t’il tant de haine ?
Les premiers à critiquer ce modèle furent les philosophes éthiques et politiques : l’expression première du capitalisme était celle des révolutions industrielles dans le Nord. Ces philosophes critiquaient en premier lieu l’aliénation et l’exploitation au travail des ouvriers qu’ils trouvaient immoral. Ensuite ce fut les économistes et les politiques qui ont rejoins les rangs du progressisme (avec Theodore Roosevelt aux USA notamment). Quand des industrielles ont commencé à l’adopter (à cause de mouvements de contestations), ils ont de suite remarquer que la productivité avait augmenté dans leurs usines. Ensuite, beaucoup plus récemment, on a remarqué en France que la semaine de 4 jours rendait les salariés bien plus productifs (source). Ces avances permettent dans un premier lieu d’augmenter la qualité de vie des salariés et, si généralisé, permettrait d’augmenter la qualité de vie global de la société. On pourrait donc légitimement se demander si un ralentissement de la vie pourrait améliorer significativement sa qualité (voir le travail du philosophe Hartmut Rosa). Hors cette vision est en désaccord avec la recherche du profit : en ralentissant notre vie, on va produire nécessairement moins de profit, ce qui est contraire au capitalisme.
Ensuite, de nombreux experts indépendants montrent les dérives du capitalisme et de notamment la surpuissance de l’argent. En effet, on peut observer du lobbying très important auprès des instances politiques démocratiques (tabac, alcool, pétrole, insecticide). De plus, ces entreprises n’hésitent pas non plus à intoxiquer le monde scientifique (voir exemples précédents, intelligence artificielle).
Mais on ne s’est pas encore posé la question de la moralité du capitalisme (si vous ne souhaitez pas entendre parler de moral, lisez La Moral d’Eric Blondel aux éditions Flammarion). Ce dernier se reposant sur la concentration de profit entre les mains d’une classe dominante s’appuie donc sur l’idée libérale que la différence de salaire entre deux personnes est morale et justifiable. Hors, comme l’a montré le marxisme analytique (plus particulièrement G. A. Cohen), cette différence est immorale car elle se repose essentiellement sur le déterminisme qui a joué en faveur ou en défaveur de l’individu. En effet, un individu ne peut influer sur ce déterminisme, il est donc immoral de le traiter en fonction d’une chose qu’il ne peut contrôler (source). Et comme une extrême majorité de la population ne peut s’échapper de ce déterminisme d’une manière signifiante, c’est-à-dire de passer d’ouvrier aux 10% les plus aisés (source), le capitalisme est donc immoral dans sa forme actuelle.
Ainsi, serait-il profitable de changer de modèle économique ? Et, si oui, par quel modèle et pourquoi ?